Action = Réaction.
Comment briser ce cercle vicieux de l'évolution de la société.
Car on qualifie abusivement de réactionnaire ce qui est de droite extrême. Je l'ai toujours dit, cet abus de langage et ces caricatures nous aveuglent.
Si l'on regarde objectivement ce qui s'est passé lorsque l'on a instauré le droit à l'IVG, ceci est révélateur, pour les uns, c'est un sigle, pour les autres, c'est un nom, l'avortement, j'emploierai donc les deux, si on regarde ce qui s'est passé quand on a autorisé cet acte médical et le droit à cet décision pour les femmes, on se rend compte que:
-Il n'était pas question , avant, d'autoriser l'IVG, c'était un meurtre, un acte contre-nature, punissable de prison. Il y avait une intolérance énorme de la part de ceux qui étaient au pouvoir, en majorité des hommes, attachés à la famille traditionnelle, du style bien catholique, "croissez et multipliez", le droit à l'IVG était donc un beau combat, afin que la femme arrête de se définir en tant que couveuse, matrice, fabrique de gosses à la chaîne.
-Maintenant, ce sont les féministes qui ont gagné, mais l'intolérance est du côté des dominants, toujours, sauf que les dominants sont maintenant ceux qui étaient en marge dans les années 60, en France et en Europe.
Ce qui se passe en Espagne me laisse véritablement perplexe. Tout le monde en a plein la bouche, de la liberté du peuple, du fait qu'il faut se centrer sur son pays, car la crise ne laisserait pas le loisir d'aider les autres.
Pourtant, qu'est-ce que font les féministes? Qu'est-ce qu'ils importent un combat en France qui n'a pas lieu d'être? De quel droit viennent-elles en Espagne manifester contre le retour de l'interdiction de l'IVG, quand on en a rien à foutre du Peuple Espagnol qui crève la dalle, à cause de l'austérité, qu'on n'en a rien à foutre des Espagnoles au chômage, tant qu'elles peuvent avorter...
Je suis pour que les femmes aient le choix de garder leur foetus, embryon pour les uns, bébés pour les autres. Je suis pour que les gens assument aussi leurs choix.
Or, là, personne ne l'assume vraiment.
J'explique:
-pour les pro-IVG, c'est une simple seringue, un acte chirurgical simple, sans aucune séquelle, afin que celle qui avorte se débarrasse d'une gêne, d'un poids.
Or, une IVG est tout, sauf un acte anodin.
J'ai assez rencontré des femmes qui en gardent des cicatrices physiques (ça peut bousiller et rendre stérile) et psychologiques : regarder ses enfants et se dire qu'on aurait une fille ou un garçon plus âgé.
Dans le cas d'un processus d'avortement, ni les parents de la mineure quand elle l'est, ni le géniteur ne sont concernés.
Seul compte la décision de celle qui veut subir cette opération, il y a un seul dialogue entre elle et le planning familial, même la société civile n'y prend pas part.
Il n'y a pas de réel soutien matériel au cas-où une femme veuille garder l'enfant seule, les allocations ne sont pas assez importantes, alors que le système isole celle-ci de facto.
Le fait d'être mère est même considéré comme un handicap à l'épanouissement d'une femme. Je crois que cela est quand même une notion assez grave pour qu'on en rediscute.
Il y a-t-il évolution, autocritique? Non.
-pour les anti-avortement, celui-ci est un meurtre. Il y a une fatalité dans le fait de donner la vie, même si la future mère peut en devenir esclave. Si l'enfant est malformé, on fait porter ce fait sur la vie entière de ces femmes sans aucune retenue. La notion de matrice, de couveuse, de reproductrice est celle qui compte. Il n'y a aucune réflexion sur l'enfant désiré, choisi, pris comme un choix de vie.
On ne tient pas compte de l'état physique et psychologique de celle qui est enceinte.
Celle-ci est isolée de la même manière.
Je suis allée deux fois accompagner une amie avorter. Deux fois, j'ai senti la détresse, les interrogations, l'indécision jusqu'au bout.
J'ai senti leur envie d'un enfant, et l'incapacité matérielle d'en avoir un, se dire que même à 18 et 22 ans, on est trop jeune, et que la société n'en donne pas les moyens.
J'ai vu le martelage des femmes qui s'occupent du planning familial, dans deux régions différentes, à 400 kms l'une de l'autre.
J'ai senti l'odeur de la mort qui règne dans les centres IVG, cet univers aseptisé où on ressort fatiguée, vidée, sans aucun suivi derrière.
L'une d'elle a regretté, n'ayant rien dit à son compagnon du moment, celui-ci l'a quittée, elle s'est retrouvée seule et meurtrie.
L'autre a continué sa vie, avec une cicatrice, de petit boulot en petit boulot.
Faut-il se limiter à la vision des uns et des autres?
Je ne crois pas.
Je crois qu'on doit faire évoluer la loi, et que si IVG il y a, il faut avoir l'accord écrit du géniteur et des parents, si la jeune fille est mineure.De cette manière, l' avortement ne serait plus ce processus médical sans âme que traverse trop souvent seule celle qui s'y engage, car les conseillères du planning familial ne sont pas celles qui payent toute leur vie la décision. Elles ne vivent pas avec ce remord et cette cicatrice.
Je crois qu'il faut un réel soutien matériel à celle qui veut garder l'enfant, si personne dans son entourage n'a les moyens nécessaires, et une bourse pour continuer les études si besoin, des crèches généralisées en Université et plus de crèches partout ailleurs.
Je crois qu'il faut que si le futur père s'oppose à l'avortement, il s'engage à élever l'enfant seul, s'il le faut et qu'on lui donne les moyens matériels de s'occuper du bébé. De la même manière, si les parents refusent cet avortement, c'est à eux de prendre le relais de la future mère.
C'est trop facile de ne rien assumer.
Mais si le futur père ne veut pas l'être, il doit aussi en avoir le droit.
Ce sont des mesures de bon sens, car il ne faut pas non plus oublier qu'un avortement est souvent nécessaire si le futur bébé est malformé ou met en danger la santé de la future mère.
Ce sont des mesures de bon sens, afin d'entourer ce processus, qui doit rester un choix, une éventualité, mais pas une fatalité, or, c'est ce que les féministes en ont fait, si on ne fait pas évoluer le droit à l'IVG.
Sans cela, cette guerre entre ultras va continuer. Je crois qu'on a assez de sujet de discorde comme cela, il faut trouver des terrains d'entente, un socle sur lequel tout le monde est d'accord.
Sinon, l'IVG va continuer à être un échec, avec des médecins qui refusent de plus en plus de travailler dans ces centres, et des financements qui y manquent, et une source de troubles et de haine.
Mise à jour de 18h42 : en fait, la question n'est pas avorter ou non, c'est si oui ou non, on veut un enfant et de quelle manière on s'y prend pour avoir le droit de choisir.