Utopie

L'utopie n'est pas un luxe, c'est une nécessité.

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jeudi 4 octobre 2012

Une analyse de Pascal Boniface

Je reprend ici certains passages de Boniface qui m'ont frappée par leur contenu à contre-courant de ce qu'on entend trop.
Les milieux d'extrême-droite, contrairement à ce qu'ils sous-entendent, ne l'aiment pas mais pas du tout. On se demande pourquoi...
Morceaux choisis:

Sur la politique étrangère de Hollande:

Le style est résolument différent. Mais en profondeur rien ne change fondamentalement. En matière de politique étrangère, l’intervention de Jean-Marc Ayrault est pour l’heure circonscrite au dossier allemand. François Hollande et Laurent Fabius adoptent une méthode apaisée et davantage long-termiste par rapport à celle, très dynamique, tendue, erratique, formée d’à-coups, parfois agaçante, déployée par Nicolas Sarkozy. Pour autant, et le traitement médiatique a pu créer l’illusion, il n’existe pas un supposé “laisser-aller” qui aurait succédé à un vertueux “activisme”. La gestion du “dossier syrien” en témoigne, la continuité domine. Elle est une politique pragmatique qui compose avec les contraintes et n’est pas dépassée par celle des autres pays occidentaux. Retrait des troupes d’Afghanistan : seul le calendrier change, et son accélération ne marque pas une rupture de fond d’avec les positions et décisions précédentes. Lors du sommet de l’Otan à Chicago en mai 2012, François Hollande a su imposer ce calendrier en concédant quelques compromis – en matière de système anti missiles – et en maintenant la position de la France au sein de l’organisation telle que son prédécesseur l’avait ancrée. Au niveau européen, qu’il s’agisse de la crise de l’euro ou des relations avec l’Allemagne, cette rupture de style pourrait être bénéfique ; en effet, la stratégie de conviction et de concertation de François Hollande correspond mieux à l’histoire et à l’ADN des relations entre pays que la tactique d’imposition déployée par Nicolas Sarkozy.

Sur l'action de Nicolas Sarkozy:

Bref, en matière de diplomatie et de défense des couleurs françaises à l’étranger, le général de Gaulle et François Mitterrand demeurent inégalés, et Nicolas Sarkozy n’aura pas singulièrement marqué sa présidence. Ce qui peut réellement être placé à son crédit, c’est la jugulation du conflit ivoirien ; l’intervention militaire extérieure résulta d’un consensus international et respecta les principes domestiques du suffrage universel.

Sur la francophonie:

Pendant très longtemps, le combat en faveur de la francophonie fut considéré quelque peu “ringard”, et la stratégie était essentiellement défensive : il s’agissait davantage d’interdire l’anglais que de promouvoir la langue française. Depuis peu, cette vision de la francophonie se modernise. Une dynamique plus conquérante et plus positive s’impose, qui dépasse le seul périmètre de la langue et englobe celui, essentiel, des valeurs. François Hollande avait promis une rupture profonde de la diplomatie française en Afrique et martelé la fin de la France-Afrique. Ses tergiversations à participer au sommet de la francophonie à Kinshasa les 13 et 14 octobre témoignent que le double poids de l’histoire et des intérêts économiques de la France en Afrique – qui pourrait réunir en 2050 80 % des francophones – continue de peser lourdement…
Que François Hollande ait finalement déclaré se rendre au sommet de Kinshasa est important et même courageux ; la facilité était d’y renoncer, au nom du régime despote qui gouverne la République démocratique du Congo, mais c’eut été une grave erreur, car la France se serait coupée de toute la base francophone.
La rhétorique officielle évaluant à 800 millions le nombre de francophones en 2 050 est fortement discutable ; en effet, elle résulte d’un agrégat erroné additionnant toutes les populations des pays appartenant à la francophonie. Or tous ces habitants ne sont pas francophones. S’il ne faut pas céder à l’illusion lyrique d’une francophonie dominatrice, il faut quand même constater – et se réjouir – des résistances qu’elle déploie et des marges de manœuvre qu’elle peut exploiter à condition de se doter d’un projet politique collectif qui ne soit pas réduit aux intérêts particuliers de la France. Ainsi reliée à la diversité culturelle et animée par une logique multilatérale de grande tolérance, une francophonie vivante et ambitieuse pourrait alors prospérer. 


Sur les USA:

Les Etats-Unis ne sont plus l’unique hyper puissance. Cette réalité, que Barack Obama, lucide, a intégrée, signifie que la direction du pays n’est plus en mesure d’imposer au monde sa vision. Mais au fond, l’origine des renoncements est domestique. En effet, si l’élu démocrate a cédé sur des dossiers aussi emblématiques et, aux yeux du monde, aussi populaires que Guantanamo ou le conflit israelo-palestinien – qu’il a sciemment délaissé –, c’est parce que les pressions contraires qui s’exercent sur le territoire américain sont considérables. Des courants extrêmement réactionnaires convaincus du leadership incontestable de leur nation et sourds aux bouleversements géopolitiques et à la montée en puissance des pays désormais largement émergés, continuent d’y prospérer.
En retenant pour futur vice-président Paul Ryan, Mitt Romney a ancré le débat des valeurs dans le terreau de l’extrémisme religieux. Cette radicalisation idéologique et politique ne distingue pas les Républicains américains des oripeaux fondamentalistes qui caractérisent habituellement le monde musulman. Cette tendance est-elle appelée à se répandre dans un contexte de crise non seulement économique mais aussi sociale et de “valeurs” ?
L’extrême droite religieuse a toujours été puissante aux Etats-Unis. En témoignent les mouvements visant à interdire l’avortement, à stigmatiser les homosexuels, ou encore à interrompre l’enseignement de Darwin. Cette crispation idéologique collective enfle au fur et à mesure que les Américains sentent que la nouvelle cartographie géopolitique et la maîtrise du monde leur échappent. Le temps est loin d’une planète bipolaire qui, territoires communistes exceptés, était lisible, prévisible, et sous la coupe américaine. Alors l’illusion d’un retour à cet éden perdu favorise le repli idéologique et le refuge religieux. En réalité, il ne fait qu’accélérer le déclin américain, car il est totalement inadapté à la réalité des rapports de force et des pôles de puissance aussi bien économiques que stratégiques.


Sur la place de la France dans le Monde:

Assimiler la France au seul statut de puissance occidentale est une erreur, car le monde occidental n’est plus l’épicentre des puissances. Ce que Nicolas Sarkozy n’avait d’ailleurs pas compris. Il existe des marges de manœuvre, certes plus limitées qu’autrefois, pour encore faire entendre la voix de la France qui, bien sûr, n’est plus qu’une puissance parmi d’autres – de plus en plus nombreuses – et s’accroche, selon les circonstances, aux locomotives américaine ou européenne. Ce qui demeure spécifique à la France, c’est le “pouvoir de pensée globale” dont elle est créditée sur tous les continents. Ce statut, hérité de la riche histoire du pays, prend la forme d’une capacité d’imagination, d’un sens des coalitions et du multilatéralisme, reconnus. Cultivons-les. 

L'intégralité de l'interview ici dans la Tribune.

2 commentaires:

  1. Une rare lucidité, pas de langue de bois : rafraîchissant.

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  2. Concernant le dossier ivoirien, je ne saurais être d'accord avec lui. Malgré ses tares, Gbagbo était sincèrement un Africain qui voulait défendre son pays contre l'ingérence "occidentale". Ouattara est un pur produit de Goldman Sachs, et on sait ce que cela veut dire.

    Francophonie ? Aux dernières nouvelles, le Gabon tente de lui substituer l'emprise de l'anglais, ce qui n'est pas bon du tout. Une langue, c'est un esprit, c'est une culture. La francophonie va mal, parce que certains dans notre pays ne font pas assez d'efforts pour la promouvoir plus que jamais face à une langue de boutiquiers et de financiers.

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